Responsable, écoresponsable, éthique, qu'est ce que implique pour une marque? L'avis de La Rose et le Renard.
Etre responsable, écoresponsable, éthique: comment faire?
La Rose et le Renard prend très au sérieux les impacts écologiques et sociaux dans la fabrication des vêtements. Notre but est de proposer des vêtements en faible quantité, durables, élégants et indémodables.
Comme nous sommes soucieux du changement climatique, nous savons que mettre un vêtement de plus sur le marché est source de pollution, d’émission de gaz à effet de serre. Aujourd’hui, il faut contribuer plutôt à réduire la production qu’à produire toujours plus. Produire en petites quantités semblent donc un choix judicieux pour limiter les gaz à effet de serre. ‘Produire moins mais mieux’, le slogan de la marque Loom nous parait une évidence. Merci à Julia Faure, cofondatrice de cette jolie marque pour son engagement et son mouvement ‘en mode climat’! En bonus, une interview de Julia Faure à la fin de notre article.
Il ne faut pas oublier aussi, dans l’équation, les conditions de travail qui sont imposées aux personnes qui fabriquent la fibre, les tissus et les vêtements.
Les effets sanitaires liés à la pollution des sols, de l’eau, les pesticides, les conditions de travail des femmes et la vie/éducation de leurs enfants, ce sont des préoccupations majeures pour La Rose et le Renard.
Pour comprendre comment devenir responsable et éthique, il était primordial pour notre marque d’investiguer les atouts mais aussi les lacunes des différents labels qui sont attribués aux matières premières mais aussi aux entreprises.
Greenwashing ou comment s’acheter une bonne conscience
Aujourd’hui, dans les enseignes fast fashion, vous allez pouvoir acheter des vêtements ayant des étiquettes certifiant que votre produit est certifié Standard 100 by OEKO – TEX, GOTS, BCI, pour ne citer qu’eux. Une base line est censée vous faire comprendre ce que vous achetez. Gage de qualité, gage environnemental, gage social ? Mais qu’achetons – nous réellement ?
Le choix des matières premières et des entreprises partenaires sont deux clés essentielles lorsqu’une marque se dit ’responsable’ ou ‘écoresponsable’. Ce terme ‘écoresponsable’ reste relativement flou et n’a pas vraiment de critères d’évaluation. Maintenant, toutes les marques l’utilisent à tort et à travers.
Nous pouvons lire des campagnes de marques fast fashion qui se prétendent « conscientious’… Cela interroge ? Comment peut – on être conscient des impacts sociaux et environnementaux en mettant sur le marché des centaines de milliers de vêtements dont on n‘a vraiment pas besoin, produits au Bangladesh. Et même si le coton est certifié biologique, le produit est-il ‘responsable’ s’il est conçu pour être jeté au bout de quelques lavages ?
C’est ce qui est appellé du greenwashing. Tout se passe comme si nous achetions un produit durable, bon pour la planète alors même que le produit a une obsolescence programmée très courte. Le but: que le client en achète un autre rapidement tout en ayant bonne ‘conscience’. Ah le marketing ! Ces entreprises ont -elle vraiment la volonté de changer leur modèle économique?
Nous comprenons donc qu’un label ne permettra pas de comprendre si la marque est responsable à moins qu’elle soit elle – même certifiée !
Exemple de la petite culotte certifiée biologique qui fait le tour du monde
Alors, soyons pratique ! Est – ce que nous avons un impact écologique et social ‘important’ si nous achetons 5 culottes à notre fille chérie à 6€99 certifiées biologique, culottes arrivant directement du Bangladesh par porte-conteneurs ?
Déjà, d’un point de vue culturel, c’est quand même amusant de se dire que plein de petites filles dans le monde auront les mêmes culottes ! Ah la mondialisation !
Le Bangladesh produit des millions de produits similaires pour réduire les coûts. Sur ce sujet, le reportage d’Hugo Clément sur la fin de vie de nos vêtements est riche d’enseignement ! (lien à la fin de l’article). Vous pourrez retrouver un résumé de la visite dans une usine au Bangladesh dans l’article sur le label GOTS.
A moins de 7€ TTC, nous nous demandons combien ont été rémunérées toutes les parties prenantes…
Si le produit est certifié biologique, le coton et les agriculteurs de ce coton ont été payés correctement et les impacts environnementaux sont très limités. C’est donc positif.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! Il faut bien distinguer maintenant tous les intervenants de la chaîne logistique : le transport du coton vers le Bangladesh, les modes de production de l’usine au Bangladesh, l’acheminement des culottes vers le magasin…
Il y a des impacts environnementaux : transports, fonctionnement de l’usine sur des énergies fossiles, pollution par les teintures… et des impacts sociaux : les conditions de travail au Bangladesh sont parmi les pires au monde avec une rémunération de 130€/mois, 6 jours de travail sur 7. Nous en déduisons que cette chaîne n’est ni ‘responsable’ ni éthique même si les culottes sont biologiques. Au moins le coton n’a pas pollué!
Et les vêtements de sport, on en parle ?
Selon les chiffres de la DGCCRF, le marché du textile sportif représente 40% de l’ensemble du marché du textile français. Aujourd’hui, beaucoup de Français, et les enfants, portent des articles de sport comme vêtements de tous les jours, vêtements principalement confectionnés en matière synthétique en Asie.
Les matières synthétiques représentent 2/3 des matières produites par l’industrie textile. Dérivées du pétrole, ces matières consomment beaucoup d’énergie fossiles.
Mettre en machine ces vêtements, c’est relâcher à chaque lavage des microfibres de plastiques…des particules de plastiques qui se retrouvent dans les océans. C’est comme si nous jetions 50 milliards de bouteilles en plastique chaque année dans la mer.
Ces matières ne se dégradent pas non plus et ces vêtements se retrouvent dans les décharges à ciel ouvert. Les pluies vont finaliser le travail de pollution des sols et de l’eau, en alimentant les cours d’eau en particules de plastiques et en produits toxiques issus des teintures.
De plus, les vêtements de sport sont souvent confectionnés dans des pays où les droits des travailleurs ne sont pas respectés. En effet, dans un marché hyperconcurrentiel, chaque marque va tirer les prix vers le bas quoiqu’il en coûte pour l’environnement et l’humain.
Une question revient toujours quand nous réalisons des recherches : Peut – on affirmer que l’environnement et l’humain ont été les deux variables d’ajustement pour que l’industrie textile puisse produire à bas coût et nous encourager à consommer toujours plus ? ou Dit autrement, la protection de l’homme et de son environnement n’était – elle pas compatible avec le profit de l’industrie textile (sinon nos vêtements couteraient bien trop chers et on ne pourrait pas en acheter autant) ? Nous allons approfondir ces réflexions en décortiquant les labels…
Est – il hypocrite de vendre des vêtements lorsque nous dénonçons des réalités comme celles-ci ?
Le marché de la Rose et Le Renard est celui des enfants. Les vêtements des enfants s’usent plus vite que ceux des adultes, c’est pourquoi il est important de mettre sur le marché des vêtements de meilleure qualité. Le choix des matières est crucial dans notre démarche. Notre volonté est aussi de créer des vêtements avec des entreprises qui travaillent de façon éthique, en Europe. Nous voulons mettre sur le marché des vêtements fabriqués par des industriels qui respectent leurs salariés et les lois du travail.
Enfin, nous limitons la production de gaz à effet de serre en rapprochant les sites de confection, les quantités produites (pour l’instant 100 pièces par modèle! et en achetant le tissus en restant dans les frontières de l’Europe.
A ce propos, sur les étiquettes de taille de vêtements, nous avons mis un drapeau français parce qu’au début du projet, l’ambition était de travailler avec un atelier français. Faute de trouver (un vêtement enfant est plus cher à confectionner qu’un vêtement adulte!), nous nous sommes élargis aux ateliers européens. Il ne s’agit pas de duper nos clients mais nous n’allions pas jeter 4000 étiquettes de taille à la poubelle…Notre projet est détaillé sur notre site internet.
Acheter moins, acheter mieux, tout le monde s’y accorde mais il faut avoir le budget !
Il est vrai qu’aujourd’hui, produire responsable et éthique coûte plus cher que produire jetable en exploitant la misère. Si pour beaucoup, acheter mieux ses vêtements est une préoccupation, nous sommes tous aussi limiter par notre portemonnaie.
La vocation de la marque La Rose et le Renard est de faire des vêtements responsables et relativement accessibles, grâce à des choix de tissus qui le permettront et des quantités un peu plus élevées pour abaisser les coûts.
Mais nous sommes très loin d’un modèle économique viable ! La Rose et le Renard va mettre 100 pièces par modèle sur le marché, ce qui est très faible et donc très cher à produire. C’est pourquoi, tant qu’à produire si peu, nous avons pris le partie d’une mode haut de gamme, en utilisant le Liberty, tissu d’exception…
Ces premières collections seront donc destinées :
– à la recherche d’une tenue pour un évènement important comme une cérémonie, un mariage, une communion, une fête importante
– à des personnes qui aiment la mode, qui aiment le Liberty
– à des personnes qui cherchent de vêtements durables, qu’ils pourront revendre facilement sur des sites de seconde main
– à des personnes qui soutiennent ce projet pour un avenir durable parce qu’ils peuvent le faire et qu’ils ouvrent la voie.
Ces vêtements responsables et quasi uniques sont du prêt – à – porter haut de gamme avec une très belle confection, un tissu de qualité, et des créations originales.
Pour regarder le documentaire d’Hugo Clément, Où finissent nos vêtements :
Pour comprendre le mouvement en mode climat expliqué par Julia Faure :
Comment reconnaître du greenwashing? l’avis de The GOODS GOOD
Enquête sur les vêtements de sport par la DGCCRF